Quand on est ado, on ne sait pas qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités…

Un royaume dans lequel la noblesse vit dans ses palais, loin d’un peuple misérable, cela s’est déjà vu et se reverra encore. Mais dans le pays de la famille de la jeune Mery, le fossé entre les classes est encore creusé par le sang divin que la reine Bérénice fait boire à certains pour en faire des demi-dieux : des semi-déus aux pouvoirs surnaturels. Le premier volume de la série « Les Semi-Déus » est intrigant, car porté par un riche récit et de belles thématiques.

La famille de Mery est pauvre. Ce sont des paysans accablés par une série de catastrophes naturelles. La future récolte est menacée, la famine les guette. Le père ne voit qu’une solution à ces problèmes insolubles : quitter la ferme, se rendre à la capitale et demander de l’aide aux autorités. Il laisse sa femme et ses deux fils et part avec sa fille cadette pour la ville où réside la mystérieuse reine Bérénice.

Ils attendent plusieurs jours devant le palais avant de pouvoir rencontrer un conseiller. Celui-ci demeure insensible au sort de la famille et, dédaigneux, ne leur offre qu’une amulette qui doit leur assurer l’abondance des récoltes. Abattu, désespéré, en tout dernier recours, le père offre sa fille à la reine contre une grosse somme d’argent.

« Les Semi-Déus T1 : La Fabrique des enfants dieux » page 4.

Cinq ans plus tard, le petite Mery est devenue l’adolescente Asmodée. Après un cruel rituel ; elle a été forcée de boire un liquide immonde et à souffrir pendant des jours, elle est devenue une semi-déus : une humaine augmentée d’un pouvoir surnaturel.

Chaque semi-déus à le sien : Asmodée est par exemple une métamorphe, elle peut prendre l’apparence d’une autre personne. Son amie Oni a, elle, le don de dupliquer les objets, le douce Namielle peut soigner les blessures, d’autres peuvent devenir invisible ou lire dans les pensées d’une personne qu’ils touchent.

Adolescente rebelle, Asmodée utilise ses pouvoirs pour tromper quelques notables crédules. Ces jeux encore innocents ne passent pas inaperçus au sein de la cour. Dans le palais se nouent et se dénouent de multiples intrigues et complots. L’encore tendre Asmodée va bientôt être amener à y jouer un rôle…

Jean-Gaël Deschard et Juliette Fournier ont l’habitude de travailler à quatre mains. Ils ont ainsi écrit, dessiné et colorisé « Diosphère », « Kami », « Kinra Girls » et « Bakamon ». L’album inaugural de la série « Les Semi-Déus » a retenu notre attention par sa richesse narrative et graphique. Ainsi, une bonne dizaine de personnages se croisent avec des motivations encore incertaines dans un palais qui sous des dehors de luxe et de sérénité cache machinations, mensonges et complots tortueux.

De quoi pour les auteurs développer de riches thématiques ; sur l’utilisation du pouvoir ou le passage de l’enfance à l’âge adulte, ainsi que sur l’intégrisme religieux, la peur de vieillir ou des luttes à mener dans des sociétés injustes.

« Les Semi-Déus T1 : La Fabrique des enfants dieux » page 19.

L’odyssée d’une jeune héroïne, tendre mais pas innocente, se déroule dans un monde médiévalisant de low fantasy. Le graphisme doux, coloré et précis, avec des influences du manga donne naissance à un univers cohérent qui mixe des décors de l’Europe médiévale et du Japon de la même époque, alors que les personnages divins ou demi-divins portent des noms et des costumes évoquant l’antiquité gréco-romaine.

Nul doute que les volumes suivants nous offriront de belles surprises tant les différentes intrigues entrecroisées de ce premier tome offrent des perspectives de développement intéressantes.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Les Semi-Déus T1 : La Fabrique des enfants dieux » par Juliette Fournier et Jean-Gaël Deschard

Éditions Vents d’Ouest (11,95 €) – EAN : 978-2-7493-0998-9

Parution 31 janvier 2024

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