À sa sortie de prison, en 1970, Chuck ne pense qu’à récupérer son butin, qu’il a caché à Dry Creek : une ville fantôme du Colorado… Il y retourne avec sa complice et amante de l’époque : Kat. Là-bas, ils butent sur un vieux chercheur d’or. Ce dernier n’a pas volé leur trésor, mais leur apprend que deux individus les ont précédés : un grand blond et un Indien. Chuck va devoir retrouver leur trace, et l’affrontement sera inévitable. Avec Chuck et Kat, on voyage à travers les paysages américains éternels — comme figés — des westerns. De belles images, au service d’une intrigue forte,faite de chasse à l’homme, d’appât du gain et de trahison.
Lire la suite...« Lâcher prise » par Miriam Katin

Miriam Katin est née en Hongrie, un pays que ses parents quittent en 1956 pour fuir le soulèvement et rejoindre Israël. Finalement, à 21 ans, Miriam Katin s’installe à New York et s’y marie. Tout bascule quand l’un de leurs deux fils décide de s’installer à Berlin, la terre de ceux qui ont persécuté les Juifs… « Alors, où commence une histoire ? » se demande-t-elle… Et où doit-elle finir ? Finir par finir ?
Car l’histoire a d’abord du mal à commencer. Le récit semble hésiter : « Ce pourrait être le jour idéal pour commencer », se dit l’auteure, enfin, page 21. Et ce n’est finalement que page 25 que le déclic – bientôt le choc – viendra du fils, qui de Berlin annonce sa venue avec son amie Tinet, une Suédoise, un fils qui annonce bientôt sa décision de s’installer à Berlin. C’est une trahison, une horreur pour la mère que l’holocauste semble hanter nuit et jour. Elle refuse d’emblée de signer les documents qui permettraient à son fils Ilan de devenir citoyen hongrois et donc citoyen européen. C’est le clash. Après s’être rappelé une rencontre amoureuse et littéraire, en Turquie, 50 ans plus tôt -, elle s’y résoudra, comme elle se résoudra à aller voir Ilan avec son mari, en Allemagne.
Le voyage vers l’Europe est d’abord un voyage sur les sites commémoratifs. Elle ne peut descendre à Vilnius, en Lituanie, sans aller voir le ghetto ou le musée juifs. À Berlin, même nécessité atavique : elle accepte la ville à condition d’y retrouver les racines de son peuple décimé. Le champ de stèles du Mémorial de l’Holocauste la rassure, la rassérène : Berlin n’a pas oublié, l’Allemagne a changé et c’est à elle d’évoluer. L’obsession mémorielle n’est pas toujours bonne conseillère, elle isole, elle masque, Miriam le comprend doucement. À New York, Miriam a, par exemple, l’obsession des cafards qu’elle ne cesse de vouloir écraser. Quelque temps plus tard, elle se décide à ne plus les massacrer. Elle a enfin compris que vouloir écraser l’autre, « ça entretient la rage » ! Oui, ne plus voir des ennemis partout, des massacreurs, ça libère l’esprit, ça ouvre l’âme, cela apaise…
Cet album cathartique est donc une leçon, quasiment une leçon de morale : en acceptant de « lâcher prise », la vie devient meilleure. Même si l’on regrette certains piétinements intimistes et des anecdotes probablement inutiles, l’album est exemplaire, au sens propre du mot. En outre, il est joliment dessiné, tout en crayonnés et couleurs douces, comme un carnet de voyage ; et c’en est un ! Les éditions Futuropolis en profitent pour rééditer son précédent « Seules contre tous » (Prix de la Critique 2008), initiative judicieuse puisqu’elle y racontait la Hongrie occupée par les Nazis et la déportation de la population juive, au fil d’une autobiographique poignante et originale.
Alors, bon voyage…
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Lâcher prise » par Miriam Katin
Éditions Futuropolis (22 €) – ISBN : 978-2-7548-0975-7
« Seules contre tous » par Miriam Katin
Éditions Futuropolis (20 €) – ISBN : 978-2-7548-1032-6